Livre, Roman ado

La pyramide des besoins humains

L’ensemble des besoins des êtres humains peut être classé en cinq catégories. Aujourd’hui, cette théorie est le principe d’un nouveau jeu de télé-réalité : La pyramide des besoins humains. Nous sommes 15 000 candidats, et dans cinq semaines il n’en restera plus qu’un. Et moi dans tout ça ? Disons que je m’appelle Christopher Scott. Disons que j’ai dix-huit ans. Que j’habite sur un morceau de carton, dans la rue, à Londres. Enfin, peu importe mon nom, peu importe mon âge. Je suis le candidat no 12 778. Je n’existe pas encore. Mais je risque fort de devenir quelqu’un, et même quelqu’un de célèbre. Et c’est bien ça le pire.

Il est jeune. Il a 15 ans.
Son meilleur ami, c’est Jimmy, vendeur de hot-dog (à ses heures).
Son lit, c’est un carton.
Sa maison, c’est la rue.
La pyramide des besoins humains, celle définie par le psychologue américain Maslow dans les années 40, il n’en a jamais entendu parler.
La pyramide des besoins humains, le jeu de téléréalité qui fait bruisser tout Londres, il est tombé dessus par hasard.
Ses besoins humains à lui, c’est un carton, un ami, un abri.
Dans le jeu, il porte le numéro 12778. Et il ira loin.

C’est le genre de thème que j’adore. Le jeu de téléréalité, avec éliminatoires bien sûr, vu par le prisme des candidats. La fausse vie contre la vraie vie en somme. Le pain et les jeux pour faire oublier au peuple la réalité. Dans ce jeu-là, ils sont 15000 au départ. A la fin, c’est-à-dire au bout d’un mois, il ne doit en rester qu’un. Evidemment.

Inscrit sous le numéro 12778 et sous son vrai prénom, Christopher est un jeune SDF (très jeune même, alors que le personnage fait plutôt penser à quelqu’un d’un peu plus vieux). Et c’est bien sûr grâce à cette bonne idée narrative que Caroline Solé fait le mieux avancer notre réflexion sur notre société, la surcommunication d’un côté, l’invisibilité de gens pauvres qui se cachent de l’autre.

C’est Christopher qui parle, qui pense, qui raconte son histoire, qui mène le jeu. Et en lisant, tout en notant le cynisme de La pyramide des besoins humains version téléréalité (et plus généralement de tous les jeux similaires), on se dit : est-ce que je pourrais participer, est-ce que je voterais pour lui ?

Doit-on perdre son âme dans la téléréalité ? Perdre la tête quand des milliers de gens vous plébiscitent ? Qu’est-ce qui vaut le plus ? La célébrité ou la liberté ?

La pyramide des besoins humains, version roman (pour ados), date de 2015 et j’avais un jour noté son titre et son thème, comme je le fais régulièrement, dans un carnet, en me disant « pour plus tard ». Je suis tombée dessus en relisant des notes. J’ai bien fait. Et en plus, ça se lit très vite.

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